Tour des Annapurnas : journal de bord – 2ème partie

Jour 7 : repos à Manang

C’est la journée repos. On en profite pour se lever à 9h, acheter quelques barres énergétiques, des amandes et, pour moi, des lunettes de soleil. Car oui, j’ai laissé les miennes à Katmandou. Pourquoi en avoir quand on fait 15 jours de randonnées en plein soleil ?!

On se balade dans Manang où nous apprenons par un Québécois que « le prix de la Snickers diminue d’au moins 20 roupies entre le début et la fin du village » (ça ne fera pas rire les lecteurs, mais Louise à coup sur ! C’est mon blog je fais des Private Joke si je veux ! OU-AI-CHE).

Nous nous installons tous les 4 dans un salon de thé en début d’après-midi où nous entendons un groupe de trailer français cracher sur leurs collègues. « Non mais Bernard il a la diarrhée et qu’est-ce qu’il prend le matin? Un chocolat chaud! Faut pas s’étonner !! » HI-LA-RANT.

Retour à l’hôtel en milieu d’après midi. On lit et on fait une sieste (le bonheur absolu).

Le soir, nous apprenons aux jeunes à jouer à la belote. C’est pas encore ça mais ils ne peuvent que progresser. On resterait bien toute la soirée dans la chaleur du poêle mais à 21h on va quand même au dodo.

Jour 8 : Manang – Yak Kharka

On reprend les sentiers ce matin. Toujours le même rituel : levés 6h et départ 7h. Les épaules et les jambes ne font plus souffrir. La difficulté vient maintenant de l’altitude. C’est pourquoi les étapes seront courtes jusqu’au col de Thorong La pour s’acclimater progressivement.

L’objectif du jour, Yak Kharka, à seulement 9,5km mais 600m plus haut que Manang à 4100m d’altitude. Nous y arrivons en 3h avec toujours un panorama époustouflant.

Nous avons encore toute l’après-midi pour se reposer, jouer aux cartes et lire.

J-2 avant le passage du col à 5416m. C’est l’évènement le plus important du trek et la journée la plus difficile donc une après-midi de repos ne fait pas de mal.

Jour 9 : Yak Karkha – Thorong Pedi

On traine un peu ce matin à Yak Kharka. Nous décollons à 7h30. Pour la première fois depuis le début du trek, le soleil est introuvable et on a froid. Même marcher nous réchauffe trop peu à plus de 4000m d’altitude. Heureusement, c’est l’étape la plus courte du trek et en 2h nous sommes arrivés à Thorong Pedi et ses 4560m.

Personne n’a mal à la tête pour le moment ce qui est une bonne nouvelle. Nous serons en théorie tous les 4 opérationnels pour tenter la traversée du col Thorong La demain à 5416m. En attendant, il est 10 heures et nous avons du temps à perdre. On continue la formation « belote » des 2 jeunes. Ils progressent, ils progressent. Clément doit juste mieux regarder ses cartes. « Euh t’es sûr que t’as pas de trèfle Clément?! Okay merci je préfère… ». On joue aussi à un de leur jeux, le Poulpe. Mais je ne m’éterniserais pas dessus. Je perds tout le temps donc forcément c’est de la merde. Sinon, le soleil ne se montrant toujours pas, nous avons terriblement froid. Même dans la salle à manger pourtant remplie de monde ! On se demande d’ailleurs où étaient tous ces gens avant. Jusqu’à Manang nous étions souvent seuls sur les sentiers et les hébergements étaient à moitié vides. Mais maintenant il y a un monde fou et je ne peux pas croire que tous ces gens aient pris une Jeep jusqu’à Manang. C’est impossible.

Des flocons de neige tombent dehors. J’espère que l’ascension se passera bien demain et que le Soleil se fera moins discret qu’aujourd’hui…

Mise à jour : Après avoir écrit ces lignes, les jeunes ont failli nous battre à la belote. On va devoir se méfier.

Jour 10 : Thorong Pedi – Thorong La Pass – Muktinath

Levé 4h30. Le Thorong La Pass n’attend pas !

Nous décollons à 5h30 après avoir déjeuné. C’est le jour J! Le D-Day! Le T-Tag! L’étape la plus importante du trek. Le passage du col de Thorong La et ses 5416m.

Si je devais être de mauvaise foi, je dirais qu’on était facile. Nous avons mis 3 heures jusqu’au col là où les guides disent qu’il faut entre 4 et 6 heures. Mais si on devait être complètement honnête, on en a grave chié !

Nous n’avons pas eu le mal des montagnes et le sentier n’était pas si difficile malgré les 1000m de dénivelé en 5km. Mais nous avions sous-estimé un facteur, qu’on ne pensait pas subir autant avec notre équipement et surtout en marchant, le froid. Dès la première heure, je ne sens plus mes mains ni mes pieds. Pourtant j’ai des gants en laine et des sous-gants. Mais rien n’y fait et je suis contraint de m’arrêter au « High Camp », dernier village avant le col, pour me réchauffer et rajouter une deuxième paire de chaussettes. Elodie veut me prêter ses gants mais finalement je lui rends. Pourquoi devrait-elle avoir froid à ma place?

Je profite aussi de la pause pour enlever mon pantalon de rando, que j’avais acheté quand je faisais 10kg de plus et qui maintenant me tombe aux genoux tous les 10 pas. En plus je suis légèrement pris de vertige et Elodie a envie de vomir.

En résumé, TOUT – VA – BIEN !! On continue donc.

Les nausées d’Elo et mes vertiges passent en marchant mais pas le froid. Au bout d’un moment je ne sens plus mes mains ni mes pieds et je suis quasiment incapable de les bouger (sauf pour …. marcher évidemment) et je me dis que je vais perdre au moins 5 doigts (ouais bah ça va je suis pas médecin). Nous touchons le fond du sac lorsque nous nous arrêtons (mais très rapidement avant de geler sur place) pour boire un coup et que l’eau dans ma gourde filtrante est gelée. Impossible de boire.

Non vraiment tout se passe dans les meilleures conditions.

Enfin, le soleil commence à nous réchauffer, ce n’est pas encore la côté d’Azur au mois d’Août mais enfin c’est mieux que rien. Lorsque nous arrivons au col à 8h30 on oublie tout et on kiffe. 9 jours de trek pour arriver à cet endroit précis, à 5416 mètre d’altitude.

Petite séance photo avec Louise et Clément. On est pas peu fier ! C’est pour ça je pense que Clément fait sa pose de guide des montagnes beauf.

Si nous zoomons la photo, les ravages d’un trek aussi long en altitude deviennent flagrants. Ne faites pas ça chez vous !

De belles têtes de vainqueurs !!

Nous nous prenons également en photo avec un guide/porteur Népalais que nous croisions souvent les jours précédents et avec qui nous avons sympathisé. Je l’ai confondu avec un serveur dans un lodge tout de suite ça crée des liens.

Et au fait, vous vous rappelez de l’anglais qui nous avait dit « fuck you frenchie« ?! Je vous avais dit qu’on le re-croiserait. Bah finalement il est australien et il parle PARFAITEMENT français. Merde, j’aurais pas dû l’insulter !! Enfin bref. Le mec a le toupet (oui j’ai dit toupet) de me demander de les prendre en photos lui et sa famille !

« Non mais tu manques pas d’air toi ?! Tu te souviens de ton comportement inadmissible de l’autre jour à Timang ? Tu me prends pour un pigeon ou bien ? Nous sommes la France monsieur, la France du géné….OK pas de soucis j’en ai pris 3 ça te va ? N’hésite pas à me dire j’en prendrai d’autres hein. »

Faut pas m’emmerder…

Les paysages depuis le col sont évidemment sublimes. Nous sommes pour la première fois encerclés par des sommets de plus de 6000m et le spectacle vaut tous les doigts perdus du monde !

Le froid et l’altitude nous obligent à continuer notre route et commencer la descente. Une sacrée descente même. Nous perdons 1600m d’altitude en 9km jusqu’à Muktinath que nous rejoignons à 12h30. Nous prenons notre première douche depuis 3 jours. C’est la meilleure depuis le début du trek. Quel bonheur !

Après c’est comme d’habitude : repos, lecture et belote pour finir l’une des plus dures, mais incontestablement l’une des plus belles journées de notre vie.

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